Le 4 mars dernier, nous annoncions avec joie que nous étions bénéficiaires de la troisième édition de l’événement de levée de fonds FURAX. Nous préparions cet événement avec FURAX, qui nous avais contacté, depuis plusieurs mois. Nous avions conçu le programme du weekend, prévu les invitations pour les tables-rondes, et anticiper ces nouveaux financements dans la planification de nos actions.
Malheureusement, pour des raisons de mauvaise gestion internes à FURAX, nous avons appris soudainement par le collectif la semaine dernière que son édition 2025 serait reportée. Pour les causes défendues comme pour les victimes, la prise en charge des cas de violences, puisqu’il s’agit de cela, devrait pourtant faire partie du fonctionnement normal d’une organisation, sans qu’elle s’en trouve ébranlée.
Pour Toutes des Femmes, cet événement représentait une opportunité inédite de pérenniser le travail de l’association. Malgré des dizaines de bénévoles, une partie incompressible de celui-ci repose sur un petit groupe de militantes qui y consacrent chacune plus d’une dizaine d’heures par semaine. Si nous travaillons bien sûr avec les assos d’autosupport, Toutes des Femmes est une des rares associations trans féministes françaises à être uniquement tournée vers la lutte politique, pour les droits des femmes et des personnes trans, contre la transphobie, dans la loi comme dans la société.
En 2024, Toutes des Femmes a lancé #JugePasMonGenre, une grande campagne pour obtenir le changement de sexe à l’état civil libre et gratuit pour toutes les personnes trans. La campagne a recueilli près de 40 000 soutiens, et celui d’une centaine d’associations, syndicats, et partis politiques. La campagne #JugePasMonGenre a déjà porté ses fruits : la simplification du changement d’état civil est devenue un sujet dans les médias, et des propositions de lois ont vu le jour au Sénat et à l’Assemblée nationale. En 2025, la campagne, le plaidoyer et les actions doivent continuer pour que la proposition de loi soit mise à l’ordre du jour et soit enfin adoptée. Les dons récoltés lors de FURAX III nous auraient permis de rémunérer une ou plusieurs militantes pour s’y consacrer.
Une partie de notre travail est aussi invisible, notamment le travail de plaidoyer institutionnel. L’an dernier, lorsqu’une proposition de loi visant à interdire l’accès aux soins de transition pour les mineurs trans a été adoptée par le Sénat, les militantes de l’association ont été au contact direct des sénateur⋅ices, pour les armer face aux discours de la droite. L’association a élaboré et diffusé auprès des sénateurices un argumentaire complet au sujet des enfants trans, ainsi que rédigé une liasse d’amendements au texte; co-signés par des associations trans et par le Mouvement du Planning Familial, et pour certains déposés par les parlementaires. L’association a mis à profit ses connaissances en plaidoyer pour accompagner les réseaux de professionnels de santé dans la rédaction de leur propres amendements, ou pour obtenir des rendez-vous ministériels, et même à l’Élysée, qui ont été clés dans l’anticipation de la position du gouvernement. Là aussi, ce travail a reposé sur la mobilisation bénévole des militantes. En 2025, notre objectif est de pouvoir être au rendez-vous dès que cette proposition de loi arrivera à l’Assemblée nationale. Les dons récoltés lors de FURAX III auraient permis de financer cet effort de vigilance permanent.
L’association mène également un recours au Conseil d’État contre l’établissement par le gouvernement d’un fichier de police qui recense tous les changements de prénoms et qui est mis à disposition des agents. Ce fichier met en danger les personnes trans et les personnes racisées qui changent leur prénom pour diminuer les violences et les discriminations qu’elles subissent en France. Toutes des Femmes et les 6 associations qui l’accompagnent sont déterminées à obtenir l’abrogation du fichier de police, et se préparent à poursuivre jusqu’à la Cour de Justice de l’UE pour faire de la transidentité une donnée personnelle protégée au même titre que l’orientation sexuelle. L’argent récolté lors de FURAX III aurait permis de financer au moins partiellement les déplacements, les frais d’avocat, et le travail nécessaire pour se rendre prêtes à une audience à la CJUE.
En 2025, comme lors de ces 3 dernières années (+ de 1500 personnes formées aux enjeux des luttes trans), Toutes des Femmes souhaite aussi poursuivre ses formations, et continuer à créer des ressources à destination du grand public, des journalistes, et des militantes. Nous souhaitons pouvoir organiser des évènements partout en France où nous avons des militantes, des débats, des formations et des discussions au sein des mouvements féministes comme LGBTI, dans le prolongement de ce à quoi nous travaillons depuis 2020.
Les années à venir seront cruciales par exemple dans les fédérations sportives, au sein desquelles les femmes trans sont de plus en plus exclues et interdites de concourir. Nous sommes dotées d’une expertise unique sur le sujet, avec un positionnement clair et établi dans des documents publics. Avec vos dons, nous pourrions nous donner les moyens d’étoffer nos ressources, de pérenniser nos formations, et commencer à mettre en place une offre complète de formation à destination des fédérations sportives.
Les forces bénévoles au sein de Toutes des Femmes sont importantes et se renforcent avec chacune de nos actions. Cependant, nous devons aller plus loin. Il nous faut des financements pour garantir notre indépendance (nous ne recevons aucun fond public), et pour pérenniser les moyens de nos combats. Nous visons à développer une force qui se donne les moyens de victoires concrètes pour les personnes trans, sans renoncer à la radicalité de ses analyses ni de ses objectifs politiques.
Tous les dons sont déductibles à 66% des impôts sur le revenu
