Ce texte est un communiqué commun publié et signé le 4 octobre 2025 par l’ensemble des associations suivantes : Acceptess-T, Clar-T, Collectif Insurrection Trans, Collectif Trans’Gressif, CIA-OII France, Espace Santé Trans, FLIRT, OUTrans, RITA, Toutes des Femmes, Trans Inter Action, Trans VNR 13, Transat.
Les vies des personnes trans et intersexes sont remises en cause partout dans le monde par la montée des attaques fascistes. En France, les discours réactionnaires saturent l’espace politique et médiatique, voulant détruire le peu de droits que nous avons acquis et nous interdire d’acquérir enfin ceux qui nous reviennent.
L’ExisTrans est le grand rendez-vous annuel pour faire valoir nos revendications et se rendre visibles. Samedi 18 octobre, les personnes trans et intersexes doivent se rassembler à Paris, à partir de 14h, place de la République, pour marcher et faire entendre leur voix. Nous, organisations trans et intersexes, revendiquons ensemble cette journée de mobilisation.
Mais, depuis quelques années, elle nous est confisquée par l’actuelle coordination Existrans, chargée de l’organisation, à une heure où plus que jamais l’unité et la coopération sont nécessaires. Nous ne nous y reconnaissons plus. Nous, organisations trans et intersexes, dénonçons le comportement de la coordination de l’Existrans.
Loin de chercher à construire un fond uni trans et intersexe, la coordination préfère écraser nos voix pour courir après une « convergence des luttes » en imposant la présence et la vision d’organisations LGBT+ généralistes, syndicales et politiques. Nous rappelons que la convergence des luttes nécessite d’abord des mouvements autonomes forts. Ce n’est pas en sacrifiant le principal cadre unitaire trans et intersexe que nous renforcerons la prise en compte de nos luttes et de nos droits.
Si nous rejetons la présence d’organisations non concernées dans le comité d’organisation de l’Existrans et celles d’organisations, collectifs, structures, partis ou syndicats, c’est aussi parce que leurs valeurs et revendications sont souvent en contradiction avec nos enjeux, telle la prise de position unitaire des directions syndicales en faveur d’une loi putophobe, témoignant de la méconnaissance et du danger que représentent ces organisations.
En novembre 2022, un vote interne avait réaffirmé la centralité de l’auto-organisation des luttes trans et intersexes et l’impossibilité pour des organisations non concernées de participer aux réunions internes. Mais par des stratégies diverses (multiplication des réunions, pratiques d’intimidation des présent·e·s, saturation du tour de parole, manipulation des canaux de communication…), quelques organisations trans ont imposé d’inclure les organisations politiques et syndicales dans les prises de parole à l’ExisTransInter de 2024.
Cette manœuvre a déclenché une levée de boucliers, avec notamment les organisations trans travaillant avec les TDS dénonçant la présence de syndicats putophobes et l’absence de travail avec le STRASS ; ceci étant aggravé par un appel à la manifestation inacceptable et qui a dû être réécrit à la dernière minute. Nous sonnons l’alarme en interne depuis quelques temps déjà. Après la marche de 2024, lors de laquelle l’organisation a fait la démonstration de son incompétence (sauvée in-extremis par l’intervention de Acceptess-T et OUTrans), il était convenu que la question de la présence des partis et syndicats dans l’ExisTransInter ainsi que son identité politique soient discutées entre organisations de personnes concernées. Le Collectif Intersexe Activiste (CIA), dûment mandaté, a contacté un maximum d’organisations trans et intersexes signataires de l’appel.
Or, lors de la réunion, la coordination actuelle de l’Existrans a réinvité les organisations non concernées, remettant même en cause les règles d’organisation historique de la marche. Devant ce refus de centrer l’auto-organisation des luttes et d’honorer l’identité de la marche, plusieurs organisations ont quitté la coordination. La dérive a continué jusqu’au texte d’appel : les revendications et leurs tournures ont démontré un virage de plus en plus hors sol où les luttes trans et intersexes sont réduites à la seule lutte contre la bourgeoisie. Les méthodes imposées à la marche parisienne se retrouvent dans les régions. Nos marches et nos actions sont détournées en instrumentalisant le terme d’autosupport.
Avec la défection des associations trans et intersexes, les réunions comptent désormais une majorité d’organisations LGBT+ généralistes ou politiques/syndicales. La coordination, refusant de prendre acte de la gravité de la situation, a même donné le droit de vote aux organisations LGBT+ généralistes. Malgré le départ du CIA, seule association de personnes intersexes, elle a continué éhontément à utiliser le nom ExisTransInter. Cela montre l’irrespect pour les luttes intersexes, révélant l’attitude dominante antidémocratique de l’organisation. Nous soulignons la gravité des attaques mensongères portées contre le Collectif Intersexe Activiste – OII France et dénonçons fermement ces manœuvres. Aucune des organisations restantes dans l’organisation de l’Existrans n’est légitime à se prétendre intersexe ou à prétendre mener une activité réelle sur les questions intersexes.
Dans ce contexte, nous demandons aux organisations LGBT+ généralistes de reprendre leur place et de ne pas participer à cette confiscation des luttes trans et intersexes. Nous demandons aux partis et syndicats de ne pas détourner la seule manifestation trans et intersexe parisienne pour leur seul intérêt partisan. Nous avons besoin de leur soutien dans nos luttes, pas qu’iels nous invisibilisent en utilisant nos luttes comme marche-pied.
Nous appelons à nous réapproprier l’ExisTransInter, dans la rue le 18 octobre, et en réunion pour faire cesser ces pratiques et redonner de la force aux mouvements trans et intersexes. Nous nous inscrivons dans le courant historique de l’ExisTransInter : une marche par et pour, fondée sur l’auto-organisation et l’autonomie.
Toustes à l’ExisTransInter le samedi 18 octobre à 14h, Place de la République à Paris.