Ce vendredi 5 septembre 2025, l’association Toutes des Femmes a pris la parole lors d’un rassemblement aux abords du Ministère de l’Education nationale. Directrice d’école primaire, Caroline Grandjean-Paccoud s’est suicidée le jour de la rentrée scolaire après des mois de harcèlement et d’insultes lesbophobes. Nous étions rassemblé·es pour dénoncer le manque évident de soutien, d’accompagnement et de protection des institutions face à la lesbophobie et aux attaques LGBTI-phobes en général.
Ci-dessous, le texte et la captation de notre prise de parole.
Bonjour nous sommes Toutes des Femmes, une association de femmes trans et cisgenres, majoritairement lesbiennes, qui lutte pour les droits des femmes et des personnes trans.
Caroline Grandjean était l’une des nôtres. Nous ne la connaissions pas, mais comme d’autres avant elle, elle a été la victime d’institutions qui reproduisent et aggravent les violences systémiques que subissent les personnes LGBTI dans notre société.
Dans la communauté trans, nous savons trop bien que les suicides de nos adelphes sont en réalité les meurtres, pour ne pas reconnaître ici les mêmes mécanismes. Caroline Grandjean avait sonné l’alerte, avait demandé de l’aide, plusieurs fois.
L’éducation nationale est coupable, depuis des années, de ne protéger ni ses élèves LGBTI, ni ses personnels. Des années qu’affaire après affaire, la question des LGBTIphobie à l’école est réduite à celle du harcèlement scolaire, comme si les seuls auteurs de violences étaient les enfants sur d’autres enfants.
Mais si les violences entre enfants existent, la violence LGBTI-phobe est d’abord celle produite pas les adultes. Celle de la hiérarchie, des collègues, et des parents : et d’autres adultes, LGBTI, en sont aussi victimes, y compris, comme Caroline,à des postes de direction.
Les LGBTI-phobie ne sont donc pas un simple manque d’éducation que l’on pourrait corriger par un petit ajout dans les programmes d’enseignement : elles structurent la société et les institutions, et donc l’éducation nationale elle-même. Il faut plus que quelques vagues consignes, qui supposent à tort la bonne volonté de tout le monde pour y faire face.
En dehors de la communauté trans, la mort de Caroline Grandjean est le deuxième suicide médiatisé d’une femme lesbienne en France cette année. Si chaque histoire a ses coupables et ses irresponsables propres, ce chiffre doit nous alerter.
À mesure que le fascisme monte partout dans le monde, la menace se fait plus pesante sur les personnes LGBTI. Ici les collègues qui osent à nouveau des blagues homophobes qu’il n’osaient plus dire il y a cinq ans, là l’employeur qui laisse faire, ou encore là les amis qui ne nous défendent plus. Le fascisme est une politique de mort, qui commence à tuer d’abord discrètement en infusant toute la société de sa haine, mais ne s’arrête pas là.
Nous ne nous laisserons pas faire. Nous resterons en vie, pour Caroline, pour Noémie, pour Géraldine, pour Lucas, pour Avril et pour toustes les autres, et surtout pour qu’il n’y en ait plus d’autres.