Le 3 juin 2024, le Secrétaire d’État à la Santé et à la Protection sociale et le Ministre de la Santé britanniques ont promulgué une « mesure d’urgence » pour interdire l’utilisation des bloqueurs de puberté (GnRH) chez les mineurs britanniques. Cette mesure d’urgence est aujourd’hui confirmée par la Haute Cour de justice.
Une telle mesure d’interdiction, prise par le gouvernement conservateur de Rishi Sunak, pose des risques importants pour la santé des jeunes trans. Elle impose une idéologie d’extrême-droite visant à faire croire à une « épidémie de jeunes trans », tout en se positionnant contre le consensus scientifique, qui considère largement l’utilisation des bloqueurs de puberté comme présentant une balance bénéfices-risques positive.
Avec l’élection d’un gouvernement travailliste le 4 juillet, on avait pu espérer le retrait de cette mesure rétrograde et discriminatoire, qui visait à priver les jeunes trans d’un accès à des médicaments pourtant disponibles pour les jeunes cisgenres. Ces espoirs ont été battus en brèche par le nouveau Premier ministre Keir Starmer avant même la prise de ses fonctions. Dans un entretien avec le Times, il déclarait ainsi que « les femmes trans ne devaient pas utiliser les toilettes réservées aux femmes », même avec un certificat de changement d’état civil. Ces propos sont en désaccord avec le manifeste du Parti travailliste, qui se prononçait en faveur d’une simplification des procédures de changement de genre à l’état civil. Le Parti travailliste s’opposait ainsi au blocage par le gouvernement conservateur de la loi sur le changement d’état civil adoptée par le Parlement écossais, qui prévoyait des dispositions pour les mineurs dès 16 ans.
Aujourd’hui, au mépris du programme de son propre parti, et du dialogue engagé avec les associations trans britanniques comme TransActual UK, l’actuel Secrétaire d’Etat à la Santé, Wes Streeting, souhaite rendre permanente la mesure d’interdiction des bloqueurs de puberté qui devait initialement durer jusqu’au 3 septembre 2024.
Cette trahison des personnes trans se fait sur des motifs électoralistes, et n’a pas manqué de susciter l’incompréhension des associations, ainsi qu’au sein même du Parti travailliste.
Le gouvernement britannique doit désormais se montrer à la hauteur du manifeste du Parti travailliste et clarifier sa position à l’égard des droits des personnes trans, en particulier des mineurs trans, cibles d’une offensive transphobe sans précédent au Royaume-Uni.
En défendant le maintien d’une mesure coûteuse et peu efficace, le Premier ministre Keir Starmer ferait le choix de préserver une procédure discriminatoire et humiliante. Sans papiers conformes à leur identité, les personnes trans sont privées de leurs droits fondamentaux, et toutes leurs démarches administratives sont compliquées. Cela retarde notamment le diagnostic et la prise en charge de la séropositivité de la population la plus vulnérable à l’épidémie, mais aussi l’accès à l’éducation et à l’emploi des jeunes trans qui ne souhaitent pas être exposés à davantage de discriminations.
L’association Toutes des Femmes rappelle sa position sur les mineurs trans :
- L’interdiction des bloqueurs de puberté chez les mineurs trans doit être levée. Celle-ci ne fait que désigner un bouc émissaire et ne se réfère en aucun cas au consensus scientifique et médical sur l’usage des bloqueurs de puberté.
- Les procédures de changement de sexe à l’état-civil doivent être simplifiées, et l’accueil des personnes trans dans les administrations, en particulier avec les mineurs trans, doit être amélioré.
Solidarité avec les mineurs trans du monde entier.